Alors que le secteur agricole français se prépare au Salon de l’agriculture qui se tient chaque année à Paris, dans un contexte de mobilisation des agriculteurs et de mécontentement croissant, un segment essentiel du paysage agricole français, à savoir les territoires d’outre-mer, échappe souvent aux projecteurs. L’eurodéputée Maxette Pirbakas, elle-même agricultrice guadeloupéenne de cinquième génération, a élevé la voix pour s’assurer que ces régions ne soient pas oubliées.
Dans une déclaration énergique, M. Pirbakas a souligné les défis particuliers auxquels sont confrontés les agriculteurs des départements et territoires d’outre-mer de la France. « Au moment où l’on assiste à une reprise de la mobilisation des agriculteurs, face à un mécontentement grandissant, à seulement quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture à Paris ; alors que le mouvement des agriculteurs bénéficie à ce jour d’un important soutien de l’opinion publique ; que les agriculteurs sont courtisés par tous les partis pour une récupération politique ; il convient de ne pas oublier les exploitants agricoles des Outre-mer« , a déclaré M. Pirbakas.
Elle a mis l’accent sur les problèmes uniques auxquels sont confrontés ces territoires, qui diffèrent considérablement de ceux du continent. Il s’agit notamment de la concurrence déloyale, de la tarification insuffisante des produits agricoles et de l’excès de normes et de contraintes administratives. Le modèle de fixation du prix de la canne à sucre en Guadeloupe, qui n’a pas changé depuis plus de 60 ans, est un point de discorde spécifique qui a incité les agriculteurs locaux à se mobiliser.
Les spécificités géographiques, climatiques et historiques de ces territoires nécessitent une approche adaptée de l’agriculture. Malgré les défis communs à ces régions, chaque territoire est confronté à des obstacles uniques en raison de ses conditions géographiques, démographiques et climatiques spécifiques et de son environnement régional.
M. Pirbakas a souligné la multifonctionnalité de l’agriculture dans les territoires d’outre-mer comme un facteur commun, englobant des composantes économiques, écologiques et sociales. Une caractéristique notable de l’agriculture dans ces régions est la prédominance des petites et très petites exploitations, ou micro-exploitations, qui jouent un rôle crucial dans la prévention de l’exode urbain et le maintien de l’activité rurale, en particulier dans les zones à fort potentiel.
En outre, les exploitations les plus grandes et les plus productives de ces territoires, souvent axées sur les exportations comme le sucre et les bananes, sont confrontées à leur propre série de défis. Ces exploitations, ainsi que leurs homologues plus petites, contribuent de manière significative à l’économie et jouent un rôle écologique et social fondamental, plus que leurs homologues du continent.
Soulignant la classification administrative de ces petites exploitations en tant qu' »agricultures bioéconomiques et agroécologiques à petite échelle » (APEBA), M. Pirbakas a appelé à l’intégration de pratiques qui préservent la qualité de l’eau et du sol, à la réhabilitation des systèmes d’irrigation et à la révision des politiques agricoles publiques et des normes de tarification afin d’égaliser les conditions de concurrence avec les concurrents directs qui ne sont pas soumis aux mêmes obligations.
Compte tenu de la fragilité des écosystèmes des territoires d’outre-mer, il est urgent d’équilibrer la production agricole et le respect de l’environnement. Il s’agit notamment de relever des défis tels que le changement climatique, auquel ces territoires sont confrontés de manière plus aiguë que la métropole.
Faisant référence à un rapport sénatorial de 2016 intitulé « L’agriculture dans les territoires d’outre-mer : Pas d’avenir sans adaptation du cadre normatif« , Mme Pirbakas s’est interrogée sur les mesures prises par les pouvoirs publics depuis ce rapport pour améliorer la situation des agriculteurs ultramarins. Elle a appelé les autorités publiques et syndicales métropolitaines à ne pas négliger leurs collègues ultramarins dans les discussions et les négociations. « Nous devons être représentés et entendus », a conclu Mme Pirbakas, soulignant la nécessité d’une approche commune pour relever les défis agricoles spécifiques des territoires d’outre-mer de la France.