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Afghanistan : Quand les chefs-d’État feignent la surprise

Publié le

AOÛT 19, 2021, 1:22
Mise à jour le 19/09/2021 à 14h51
Des combattants talibans prenant le contrôle du palais présidentiel afghan après la fuite du président afghan Ashraf Ghani, à Kaboul, en Afghanistan, le dimanche 15 août 2021. (AP Photo/Zabi Karimi)

Des combattants talibans prenant le contrôle du palais présidentiel afghan après la fuite du président afghan Ashraf Ghani, à Kaboul, en Afghanistan, le dimanche 15 août 2021. (AP Photo/Zabi Karimi)

Le 15 août dernier les Talibans sont entrés dans Kaboul, après avoir conquis en l’espace d’une dizaine de jours les principales villes d’Afghanistan.

Depuis, les États-Unis et l’Europe organisent en urgence et dans de conditions très difficiles l’évacuation des diplomates, des travailleurs des ONG et des Afghans qui travaillaient avec l’Occident. En observant la chronologie des faits qui ont plongé l’Afghanistan dans le chaos, on se demande pourquoi les chefs d’États sont surpris de la prise de Kaboul.

Le 29 février 2020, les États-Unis dirigés par Donald Trump signent avec les talibans un accord de paix. L’accord de Doha permet de fixer les modalités du retrait des troupes américaines du pays. A la grande surprise du Gouvernement afghan, ce dernier n’est pas invité aux négociations et les Talibans n’ont qu’un seul engagement : ne pas attaquer les forces étrangères pendant qu’elles effectuent leur retrait.

Ce texte n’est pas un traité de paix mais un accord sur la « réduction des violences »

Le 21 novembre 2020, Le Secrétaire d’État américain Mike Pompeo rencontre au Qatar des négociateurs des Talibans et du Gouvernement afghan, au moment où Donald Trump accélère le retrait des troupes américaines d’Afghanistan malgré la violence persistante.En décembre 2020, le général Milley, chef d’état-major américain, rencontre pour la deuxième fois les Talibans. Il s’était déjà rendu en juin au Qatar, où les talibans ont leur bureau politique, mais cette première rencontre n’avait pas été rendue publique.

Le 5 avril 2021 l’édition française de Times of Israël publiait un article sur Zabulon Simantov, le dernier juif vivant en Afghanistan, qui expliquait qu’il allait partir vivre en Israël car « Si les Talibans reviennent, ils vont nous faire partir avec une gifle au visage », Zabulon Simantov craignait « que la promesse faite par les militaires américains de quitter le pays ne laisse un vide susceptible d’être rempli par des groupes radicaux, comme les Talibans »

Le 4 mai 2021, les combattants talibans lancent une première grande offensive contre les forces de sécurité afghanes, notamment dans la province d’Helmand, au sud-ouest du pays. D’autres localités sont également attaquées.

Le 29 mai 2021, le Conseil européen, appelle les talibans à instaurer un climat de confiance qui permette l’ouverture rapide de négociations intra-afghanes sur la base du nombre suffisant de prisonniers déjà libérés. Les Talibans devront respecter à la fois les termes de leur accord bilatéral avec le gouvernement des États-Unis, signé à Doha le 29 février 2020.

Le 9 juillet 2021, le poste-frontière d’Islam Qala est remporté par les Talibans. La prise est importante puisqu’il s’agit du plus important point de passage entre l’Afghanistan et l’Iran. Quelques heures plus tard, c’est un poste-frontière avec le Turkménistan qui tombe. Le groupe armé affirme alors tenir plus de 85% du territoire.

Le 10 juillet 2021, le Ministère afghan des Réfugiés et des Rapatriements a diffusé une déclaration demandant l’interruption temporaire des retours forcés de « migrants » afghans. La déclaration mentionne « l’escalade de la violence causée par le groupe terroriste des Talibans dans le pays, et la propagation de la troisième vague du COVID-19 », ainsi que la détérioration de la situation de sécurité et le nombre croissant de personnes déplacées à l’intérieur du pays.

Tous ceux qui suivent l’actualité de l’Afghanistan ne peuvent être surpris de la prise de Kaboul par les Talibans et savent déjà que les ténèbres vont s’abattre sur ce pays pour longtemps.

À PROPOS DE L’AUTEUR
Eric Gozlan est co-directeur de l’International Council for Diplomacy and Dialogue . il est Conseiller diplomatique de plusieurs gouvernements Il étudie l’économie et est reçu au troisième concours de l’École Nationale de la Magistrature Éric a toujours été intéressé par le social et les relations intrernationales. Il a été nommé il y a peu par le roi des Roms ambassadeur de sa cause pour la France et a reçu la médaille de la paix en Roumanie et celle de la Belgique Il a participé à deux nombreux colloques sur la paix en Corée, Russie, Etats-Unis, Bahreïn, Belgique, Angleterre, Italie, Roumanie… Eric Gozlan écrit dans plusieurs revues dont le Nouvel Observateur en France, Times of Israël en Israël et a publié dernièrement, suite à une demande du Vatican, une étude sur l’apostasie dans le Judaïsme
Source : timesofisrael.com
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