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Progression alarmante du coronavirus en Amérique latine

Publié le

22/05/2020. Mise à jour le 23/05 /2020 à 07h01
Photo by RONALDO SCHEMIDT / AFP

La pandémie de coronavirus, qui a contaminé plus de cinq millions de personnes dans le monde, progresse avec une rapidité alarmante en Amérique latine, particulièrement au Brésil, où le seuil des 20.000 morts vient d’être franchi, mais aussi au Pérou, au Chili ou en Argentine.

Aux Etats-Unis, où plus de 94.000 personnes sont officiellement décédées à cause du virus, les drapeaux seront en berne de vendredi à dimanche pour honorer la mémoire des morts.

La Chine, où la maladie est apparue en décembre et que Washington accuse d’être responsable d’une « tuerie de masse mondiale », a proclamé vendredi avoir remporté « une réussite stratégique majeure » dans sa lutte contre le virus.

Alors que l’Europe, où le Covid-19 a tué plus de 170.000 personnes, progresse sur la voie d’une lente normalisation, l’Amérique latine enregistre une progression inexorable de la pandémie, avec de terribles conséquences prévisibles en termes d’économie et d’emploi.

Le Brésil a dépassé jeudi les 20.000 morts, après une hausse record de 1.188 décès au cours des dernières 24 heures, selon des données du ministère de la Santé qui y confirment l’accélération de la pandémie.

Avec 57% des morts déplorés sur le continent (35.000), le Brésil est de loin le pays le plus touché d’Amérique latine.

Cimetières saturés 

Le nombre de morts y a ainsi doublé en seulement 11 jours, selon les chiffres du ministère de la Santé. Dans les cimetières des grandes villes, comme Sao Paulo, les fossoyeurs accélèrent les cadences.

L’insistance du président Jair Bolsonaro pour le retour au travail et la relance de l’économie crée depuis le début de la crise sanitaire de fortes tensions avec les gouverneurs des Etats brésiliens. Mais jeudi, le président et les gouverneurs, réunis pour une visioconférence, ont baissé le ton et rapproché leurs positions.

Devant la progression rapide de la pandémie en Amérique du Sud, les présidents du Pérou, de la Colombie, du Chili et de l’Uruguay se sont entretenus en visioconférence des mesures à prendre pour faire face à la crise.

Un rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal) et de l’Organisation internationale du travail (OIT) dresse un tableau très sombre des conséquences de la crise sanitaire continentale.

La pandémie va créer 11,5 millions de chômeurs de plus en Amérique latine en 2020, selon ce rapport publié jeudi à Santiago. Et la contraction de l’économie de la région sera cette année de 5,3%, la pire depuis 1930.

L’un après l’autre, les pays de la région voient leurs bilans quotidiens augmenter.

Au Pérou, la plupart des hôpitaux de Lima sont au bord de la rupture, a fait savoir jeudi le Bureau du défenseur du peuple, chargé de veiller au respect des droits de l’Homme.

« Les établissements de santé manquent d’équipements de biosécurité pour le personnel, de lits en réanimation, de respirateurs, d’oxygène, de tests, entre autres dispositifs et matériels médicaux », a annoncé cette institution.

Le Pérou, pays de 32 millions d’habitants, a enregistré près de 110.000 contaminations et plus de 3.100 décès.

« Un film d’horreur » 

« C’est comme un film d’horreur, l’intérieur de l’hôpital ressemble à un cimetière pour les cadavres, les patients meurent sur les chaises, dans les fauteuils roulants », a raconté Miguel Armas, infirmier à l’hôpital Hipolito Unanue de Lima.

Au Chili, 18 millions d’habitants et plus de 57.000 cas, les décès ont augmenté de 29% au cours des dernières 24 heures, passant à 589. Le ministre de la Santé Jaime Mañalich a comparé la crise sanitaire à une « énorme bataille ».

Des habitants ont bravé le confinement ces derniers jours pour manifester et réclamer des aides alimentaires, tandis que l’apparition de l’épidémie a fait exploser le chômage et la faim dans les quartiers les plus pauvres.

L’Argentine enregistre elle ausi une forte augmentation des cas. Quelque 90% de ces infections se trouvent à Buenos Aires et dans sa populeuse périphérie, un ensemble de 14 millions d’habitants. Le total des décès s’élève à 416.

Aux Etats-Unis, le bilan frôle à présent les 95.000 morts et les bilans quotidiens restent élevés – 1.255 morts en 24 heures selon le comptage publié jeudi par l’université Johns Hopkins.

Le président Donald Trump a ordonné que les drapeaux flottant sur les bâtiments fédéraux et les monuments nationaux soient en berne pendant trois jours, de vendredi à dimanche, pour honorer la mémoire des morts.

Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a déclaré que de nouveaux fonds de soutien à l’économie américaine seraient sans doute nécessaires d’ici quelques semaines, alors que près de 3.000 milliards de dollars ont déjà été débloqués par l’administration Trump et le Congrès depuis mars.

D’ores et déjà, dans la perspective de la relance de l’économie, les Etats américains ont renoncé aux mesures les plus restrictives de confinement.

En Europe aussi, l’heure est à un déconfinement progressif, comme en France, en Italie ou en Espagne.

Réouverture en Italie 

Les Italiens sortent prudemment de deux mois d’un strict enfermement, goûtant un peu de liberté retrouvée et avides de reprendre une vie sociale. Lundi, commerces, cafés et restaurants ont été autorisés à rouvrir.

La Serbie a annoncé jeudi la réouverture de ses frontières, fermées depuis le 15 mars.

En Russie, le PIB va se contracter de 9,5% au second trimestre, selon des estimations publiées jeudi. La fédération de Russie compte plus de 317.000 contaminés recensés et 3.099 morts selon les chiffres officiels.

La Chine, d’où est partie la pandémie qui a fait près de 330.000 morts dans le monde, a une nouvelle fois riposté aux critiques venant surtout des Etats-Unis qui l’accusent d’avoir tardé à réagir au début de l’épidémie.

Le Premier ministre Li Keqiang a déclaré vendredi que la Chine avait enregistré « une réussite stratégique majeure » dans son combat contre la maladie.

Dans son discours d’ouverture de la session annuelle du parlement, M. Li a toutefois souligné « la tâche immense » qu’il restait à accomplir face aux conséquences du virus sur l’économie chinoise.

Source Métro

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