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Lahcen Hammouch recoit le professeur Abdellatif Fekkak autour du sujet suivant: « Comment le COVID-19 va-t-il affecter le monde du travail? » ( VOIR VIDEO)

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1/ Question : Comment le monde de travail et des entreprises risquent d’être affecté par la crise sanitaire mondiale du Covid-19 ? Quelle est la situation mondiale du marché de l’emploi post coronavirus  en 2020?

L’économie est  à l’épreuve de cette crise sanitaire du Covid 19 qui a provoqué, une envolée du chômage dans le monde. Selon l’ Organisation internationale du travail (OIT), cette crise est plus « grave que  crise de la deuxième guerre mondiale ».  C’est de l’ordre 1,25 milliard de travailleurs  qui courent le risque élevé de licenciement et d’une cure d’aigrissement de personnel et réduction  des salaires .

Le marché de l’emploi affronte avec la pandémie de coronavirus sa plus « grave crise plus importante que celle de la crise des surprimes de 2007/08. Ces lourdes pertes en termes d’emplois vont surtout détruire les pays à Revenu Intermédiaire Supérieur (100 millions d’emploi à temps plein touchés), 

A ce titre, les pays du monde arabe et l’Europe devraient être fortement touchés, au prorata de leur population, mais en chiffres absolus, c’est la région Asie-Pacifique qui devrait souffrir le plus, en cette période de l’année. Beaucoup de leurs travailleurs occupent des emplois peu qualifiés, mal rémunérés. 

« Les travailleurs et les entreprises vont faire une traversée du désert, un véritable avec des risques d’effondrement chaotique des Etats aussi bien dans les économies développées que dans les économies en développement », selon l’OIT qui précise que la hausse finale du chômage mondial pour l’année 2020 dépendra pour beaucoup des mesures adoptées par chaque.

   2/ Question  : Quelles sont les secteurs économiques les plus touchés  en Europe et aux USA ?

Les secteurs les plus risqués sont les services d’hôtellerie, le tourisme, la restauration, le transport, les BTP, l’industrie de textile et manufacturière, le commerce de détail et les activités commerciales  des grandes surfaces. « Ces secteurs à risque sont davantage présents dans la région des Amériques, suivies par l’Europe et l’Asie centrale.

L’OIT appelle les pays à mettre en place des mesures à grande échelle s’articulant autour de soutien aux entreprises, à l’emploi et au revenus; de la relance de l’économie et de l’emploi; de la protection des travailleurs sur leur lieu de travail; et du recours au dialogue social entre gouvernement, syndicats et  Fédération des Patrons.

L’Asie est de loin la zone la plus touchée par le chômage, aux USA explosent  à 32 millions d’inscrits en 4 semaines et le chômage partiel grimpe en Europe, Les chiffres sont effrayants aux États-Unis avec 10 millions de nouvelles inscriptions en deux semaines. Bien plus que le pic de 800.000 atteint en 2008. Idem au Canada avec 2,13 millions d’inscrit aussi sur la quinzaine selon les données de l’OIT. Dans une Europe plus protectrice qui dispose de filets de sécurité, la part du chômage partiel explose.

En Grande-Bretagne, le nombre de 1.500.000 nouvelles demandes en 15 jrs est dix fois plus important que la normale, En Allemagne, près de 500.000 entreprises ont fait la demande en mars, c’est vingt fois plus qu’après la crise financière sur un mois. En France, les demandes concernent 5, 8 millions de travailleurs, plus d’un salarié du privé sur quatre. 

Une crise inédite des marchés de l’emploi. ‘’L’impact du Covid-19 sur l’emploi est profond, d’une grande portée et sans équivalent’’, alerte OIT sur les ravages sanitaires et sociaux du Covid-19. Sur une population active de 3,3 milliards de personnes, plus de 4/5 sont affectées par la fermeture totale ou partielle des lieux de travail, évalue l’OIT. La pandémie provoque un double choc économique d’offre et de demande, sous l’effet du confinement et de l’arrêt des chaînes de production. Ce choc se traduit par une envolée du chômage

  3/ Question:Au-delà de la question urgente sanitaire des pays, sans travail l’im-pact du chômage technique va se traduire par plus pauvreté et la délinquance urbaine, Quelles sont les catégories socio-professionnelles les plus vulnérables post-covid 19 ?

Les effets du virus sur la croissance utilisée pour les estimations de chômage ci-dessus suggèrent qu’il pourrait y avoir 10,8 millions de travailleurs pauvres de plus dans le monde que prévu à l’origine (estimé à 14 millions avant le COVID-19). Dans le cadre des scénarios pessimiste, il y aurait 35, millions atteints par la pauvre et le chômage en plus selon les estimations réalisées en 2020 avant le COVID-19. Les catégories socio-professionnelles les plus vulnérables 

    1/ Les seniors âgées de plus 50 ans ont le plus fort risque d’être touché par la crise du marché de l’emploi. Les travailleurs âgés peuvent aussi souffrir de fragilité économique

    2/ Les travailleurs migrants sont vulnérables aux répercussions de la crise du COVID-19.

    3/ Les jeunes, qui connaissent déjà un fort taux de chômage et de sous-emploi, sont plus vulnérables comme l’a montré la crise financière mondiale de 2007/98. 

     4/ Les femmes : L’OIT estime qu’à travers le monde 58,6 % des employées travaillent dans le secteur des services, contre 45,4 % des hommes. 

    5/ Les travailleurs indépendants : avec des précaires, risquent d’être frappés de manière disproportionnée par le post-virus puisqu’ils sont moins protégés par les mécanismes conventionnels de protection sociale et autres formes de stabilisation des revenus

Selon les statistiques de Jeremy Rifkin, qui a écrit deux excellents livres intitulés : ‘’la fin du travail’’  en 1995’ et l’autre ‘’ la fin du capitalisme’’, estimait  depuis les années 2000, plus de 800 millions de chômage et de sans emplois dans le monde. Ce chiffre va vraisemblablement augmenter avec le stress de ce scénario du covid 19. Aujourd’hui, les secteurs (Agriculture, industrie et le tertiaire) subissent de mutations technologiques qui vont entraîner des millions de chômeurs sans l’espoir de trouver un emploi.

 Ce déclin mondial d’une société sans emplois est le prix à payer des nouvelles sociétés du numérique, de la modernisation et des technologiques avancée. Face à ce situation désespérée et désespérante  du chômage technologique, les nouvelles sociétés deviennent des sociétés à risque politique, religieux avec la montée de la violence, des agressions, de la criminalité des métropoles, la délinquance rurale, l’augmentation des SDF.  Les survivants de la crise post- coronavirus risquent de tomber dans la  contre-culture et des hors la loi.

      3/ Question  : A chaque malheur, il y a quelques choses de bons pour la société ? Quelles sont les leçons et les enseignements que les pays peuvent tirés de crise mondiale

Cette pandémie est unique à bien des égards, mais il n’en reste pas moins que nous pouvons tirer des enseignements de la crise économique du Covid 19.  Les sociétés vont gagner deux choses importantes :

      1/ Le travail à distance  en Vidéo-conférence: un non-retour  (anté) en arrière

    La crise globale du Covid-19 a bousculé de nombreux piliers du monde de travail. Pendant la période de confinement, une étude de Deskéo révèle  que 70% des  français ont pu continuer à travailler par vidéoconférence. Il en est de même des multinationales de l’ordre de 80% à distance de leur organisation. 

 Dans les pays à revenu moyen intermédiaire ou faible, entre 20 et 50% des entreprises ont fait du télétravail à distance. La proportion est sans doute plus importante  en Amérique du Nord. Quoi qu’il en soit, le paradigme du télétravail va définitivement changé la nature des choses. 

2/ La culture de l’urgence du télétravail est devenue un outil de télétravail,

 De facto et de juré le diapositif de la vidéoconférence est devenu un acquis pour le capital immatériel des entreprises. On les découvre le travail à distance, par learning by doing, avec moins de résistance des RH. Le Maroc à titre d’exemple : Le travail à distance massif fait partie de ces mesures (entreprises sans bureaux, nomadismes numériques) avec ses enjeux stratégiques. 

Moi même à titre personnel, je suis confié à Casablanca, Or mon domicile fixe et permanence est Paris, je donnais des séminaires de l’ordre de 16 Jours, financés par la Banque Mondiale sur ‘’les politiques publiques et les PPP’’ pour deux groupes aux cadres centraux du Ministère d’Etat des Droits de l’Homme et des Relations avec le Parlement  à Rabat au Maroc. On fut interrompu par la décision du gouvernement du confinement. 

Je n’ai pas eu de résistance particulière de la part des hauts fonctionnaires de ce ministère d’Etat, de chez deux, chacun avec son portable et son ordinateur, on a appris tout ensemble à utiliser les vidéo-conférences du VNP (Virtuel Private Network), et l’on a continué nos séminaires. A chaque crise, il y a quelques choses de bons à prendre et apprendre.

En tous les cas : les prévisions avancées de la Revue  `The Economist’’  vont dans le sens de ce grand changement d’ici 2025 : un Milliard d’individu pourraient faire du télétravail indépendant de chez soi, en dehors d’un bureau et d’une entreprise physique.

    4/ Question : Pensez-vous, Professeur que le télétravail ne disparaîtra pas avec le dé- confinement de la pandémie covid 19 ?

 Grâce à cette crise du covid 19. Le télétravail qui, a au moins le mérite d’avoir mis le sujet l’échelle mondiale, à l’ordre du jour, ne sera plus un tabou des stés numériques. Que se passe-t-il quand près de 70 % des employés basculent à temps plein dans  le VNP (Virtual Private Network), qui a dépassé les prévisions. Selon Google, il y a eu  une augmentation 2800% durant cette période du confinement ? 

Le télétravail est une épreuve du feu pour les entreprises ; D’après une récente étude de Deskeo, un opérateur de bureaux flexibles en France, 76 % des travailleurs à qui on a imposé le travail à distance regrettent déjà la vie de bureau. Le monde est en train de changer, sinon se bicéphaliser ou se bipolariser: 

1/ D’un côté, une classe élite d’intellectuels et de leaders politiques, de chercheurs universitaires et de gestionnaires des entreprises surqualifiés qui bénéficient de la technologie de la pointe et de ubérisation du travail à distance, dans le calme, loin des villes et dans l’indépendance et l’autonomie totale.

2/ L’autre côté, une classe populaire et la classe moyenne de travailleurs précaires, sans perspective d’avenir et d’emploi stable dans un monde de plus en plus automatisé, robotisé, modernisé dans les nouvelles sociétés numériques. 

En définitive, Pour éviter que cette polarisation n’entraîne le monde dans une ère de chaos, il est urgent, selon du Pr Jeremy Rifkin de commencer à penser  à l’impensable, de nous préparer ‘’aux nouvelles sociétés à risque’’ avec une économie du numérique qui supprime les emplois de masse dans la production et la distribution des revenus.

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