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En Syrie, des centaines de personnes continuent de fuir l’ultime réduit de l’EI

Publié le

13 Fév 2019

AFP / Fadel SENNAUn véhicule militaire des Forces démocratiques syriennes (FDS) sillonnant le village de Baghouz le 13 février 2019, situé dans la province orientale de Deir Ezzor, où est menée l’offensive « finale » contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie

Des centaines de personnes continuent mercredi de fuir l’ultime réduit du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, où les jihadistes retranchés continuent d’opposer une farouche résistance à l’offensive « finale » de l’alliance arabo-kurde.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes régions en Syrie et en Irak, ces jihadistes sont désormais acculés dans un secteur de quelques kilomètres carrés, dans la province de Deir Ezzor (est).

Les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS), appuyés par la coalition internationale emmenée par Washington, ont dit samedi avoir lancé leur offensive « finale » contre ce secteur, allant du village de Baghouz à la frontière irakienne.

Des centaines de personnes, principalement des familles de jihadistes, fuient chaque jour les combats. Mercredi, quelques 300 femmes et enfants, majoritairement originaires d’Irak, étaient assis par petits groupes près d’une position des FDS aux abords de Baghouz, a constaté une équipe de l’AFP.

La plupart ont passé la nuit en extérieur.

AFP / Fadel SENNAUn combattant des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par Washington, aide une femme et ses enfants ayant fui l’ultime poche du groupe jihadiste Etat islamique (EI), le 13 février 2019 

« J’ai essayé d’obtenir une couverture pour mes enfants, mais il n’y en avait pas assez », a confié à l’AFP Oum Ayham, jeune femme originaire de Raqa, l’ex « capitale » des jihadistes dans le nord syrien.

« Certains ont allumé un feu, en faisant brûler du plastique et des couches pour enfants, je me suis installée à côté pour me réchauffer », a-t-elle ajouté.

Ils ont fui la poche jihadiste la veille pour se retrouver à un premier barrage des FDS, d’où ils ont été transportés par camionnettes et véhicules militaires vers la principale zone de rassemblement des civils ayant déserté l’ultime carré jihadiste.

– Scan de la rétine –

AFP / Fadel SENNAUne femme intégralement voilée fuyant le dernier réduit du groupe jihadiste Etat islamique (EI) près du village de Baghouz, dans la province syrienne de Deir Ezzor, le 12 février 2019

Non loin de là, des membres la coalition internationale fouillent des hommes en provenance de la poche de l’EI, dont l’un est tassé dans une chaise roulante brinquebalante.

Un jeune homme attend, lui, d’être soumis à un scan de la rétine, une procédure aidant à identifier les jihadistes potentiels parmi la foule de déserteurs.

Les FDS procèdent également à des interrogatoires poussés et des prélèvements d’empreinte.

Ceux qui ont déjà été fouillés sont accroupis et encerclés par les FDS.

Plus de 38.000 personnes ont déjà fui l’ultime poche de l’EI depuis décembre, principalement des familles de jihadistes, mais aussi plus de 3.500 combattants présumés de l’organisation ultra-radicale, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Avec leurs tireurs embusqués, des attaques kamikazes et des contre-offensives, les 500 à 600 jihadistes jusqu’au-boutistes, retranchés dans ce dernier carré rendent difficile l’avancée des FDS.

L’OSDH a confirmé mercredi une « progression lente » de ces forces, qui avancent au milieu de zones agricoles découvertes prêtant le flanc aux tireurs embusqués de l’EI.

« Il y a des mines enfouies dans tout le secteur », a ajouté le directeur de l’Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

« Les FDS ont recours à des tirs de roquettes », a-t-il indiqué, faisant état de « violents combats » aux abords de Baghouz.

AFP / Fadel SENNAUn combattant des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par Washington, engagées dans une offensive « finale » contre le dernier réduit du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie, le 12 février 2019 

De son côté, un porte-parole des FDS Mustefa Bali a indiqué à l’AFP que l’alliance avait « repris des positions perdues dans une contre-attaque lancée il y a deux jours par » les jihadistes.

« Nous avons progressé et conquis de nouvelles positions », a-t-il ajouté.

– « Décimer ceux qui restent » –

AFP / Simon MALFATTOEvolution des zones contrôlées par le groupe jihadiste Etat islamique entre janvier 2015 et janvier 2019 en Syrie et en Irak

Même si la fin semble proche, la coalition refuse de se prononcer sur une possible date pour le terme de l’offensive.

« Il est trop tôt pour dévoiler un calendrier », a affirmé mardi son porte-parole, le colonel Sean Ryan. « Après Baghouz, il y aura des opérations de déminage ».

Le président américain Donald Trump a lui prédit une nouvelle fois lundi une défaite inéluctable de l’EI.

« Nous allons bientôt avoir 100%. Mais il y en a encore quelques-uns. Ils sortent. Ils s’enveloppent de bombes. Ils sont fous », a-t-il lancé.

Une victoire contre l’EI ouvrirait la voie au désengagement annoncé en décembre par M. Trump des quelque 2.000 militaires américains déployés en Syrie pour aider les FDS.

« Nous sommes dans les temps pour respecter nos engagements », a indiqué mardi le ministre américain de la Défense par intérim, Patrick Shanahan, lors d’une visite en Irak, refusant de mentionner le moindre calendrier.

Le sort du grand chef, Abou Bakr al-Baghdadi, donné plusieurs fois pour mort, demeure, par ailleurs, inconnu. Un message audio qui lui avait été attribué avait été diffusé en août dernier.

L’assaut final contre l’EI représente aujourd’hui le principal front de la guerre en Syrie qui a fait plus de 360.000 morts depuis 2011.

Le régime de Bachar al-Assad, soutenu par la Russie, contrôle désormais près des deux tiers du pays, après avoir enchaîné les victoires face aux rebelles et jihadistes. Et les combats sur les autres fronts ont fortement baissé en intensité.

Source AFP

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