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Tunisie: 8 ans après la «révolution», l’amertume éteint progressivement l’espoir

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Affrontements entre manifestants et forces de sécurité devant le Palais du gouvernement, à Tunis, le 28 janvier 2011.
© AFP

Ce lundi est férié en Tunisie en mémoire de la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011. Quatre semaines auparavant, Mohamed Bouazizi, marchand ambulant, s’immolait par le feu. S’en suivaient des émeutes violemment réprimées puis une contestation qui a forcé le dictateur à quitter le pays pour se réfugier en Arabie saoudite. Huit ans après ce soulèvement qui fit 340 morts et plus de 2 000 blessés, les promesses de la révolution ont-elles été tenues ?

Le mot même de révolution est aujourd’hui contesté en Tunisie, tant les lendemains prometteurs se font attendre. Inflation à 8%, chute continue du dinar, chômage à 15%, un coût de la vie qui ne cesse de peser sur une population en manque d’avenir. En huit ans, la révolution n’est pas parvenue à répondre à la crise économique qui avait poussé sa jeunesse dans la rue fin 2010.

Si les avancées démocratiques sont incontestables, de l’adoption d’une Constitution à la tenue d’élections libres, l’absence de réponse aux revendications sociales constitue un réel motif d’inquiétude pour Messaoud Romdhani président du FTDES, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux : « Le fait qu’il y ait un désespoir des jeunes, ça m’inquiète beaucoup. La fuite des cerveaux, c’est un des problèmes de la Tunisie moderne. Je crois que nous sommes à une croisée des chemins. Cette révolution ne peut réussir que si les problèmes sociaux se résolvent. Sinon, tout pourrait basculer. »

La démocratie en péril ?

La révolution a offert de manière logique et paradoxale des avancées qui la mettent en péril. Les libertés d’expression et d’information ont fait tomber le voile sur une situation sociale dramatique qui n’est pas nouvelle, mais dont les Tunisiens ont pu prendre la pleine mesure.

De quoi mettre en péril la démocratie selon l’analyste politique Youssef Chérif :  « En fait, c’est une situation économique qui n’a fait qu’empirer. Pas depuis 2011, mais depuis les années 2000. Les gens le sentent de plus en plus aujourd’hui grâce à cette liberté qui leur permet de voir, de critiquer. Si la situation continue ainsi, les gens vont être de plus en plus mécontents et la première victime de ce mécontentement sera cette démocratie qui est encore naissante. »

La situation économique devrait occuper une large place dans les campagnes électorales pour les élections législatives et présidentielle prévues à la fin de l’année.

Source RFI

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