AFP / Emmanuel DUNANDDes passagers embarquent dans un avion de la compagnie Ryanair, le 27 septembre 2018 à l’aéroport de Carcassonne

La compagnie aérienne à bas coûts Ryanair a été contrainte d’annuler des vols vendredi, après l’appel à la grève dans plusieurs pays européens du personnel de cabine et des pilotes, qui réclament de meilleures conditions de travail.

Le transporteur irlandais prévoyait cependant de n’annuler que 250 vols sur les 2.400 programmés en Europe, expliquant que la majorité de ses salariés travailleront normalement.

L’entreprise affirme que tous les clients concernés ont été prévenus par courrier électronique et SMS depuis mardi.

L’appel à la grève concerne les personnels navigants en Espagne, au Portugal, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne, rejoints par les pilotes dans certains de ces pays.

A l’aéroport belge de Charleroi, une trentaine de manifestants étaient présents, habillés de T-shirts « Ryanair must change » (« Ryanair doit changer »), a constaté un journaliste de l’AFP.

A Eindhoven, aux Pays-Bas, certains passagers avaient déjà passé les contrôles de sécurité quand ils ont appris que leur vol était annulé, selon Joost van Doesburg, porte-parole du syndicat des pilotes néerlandais (VNV) de Ryanair. « L’ambiance était électrique », a-t-il souligné.

« Avec cette grève nous faisons passer un ultime signal à Ryanair, qui se fiche complètement des règlementations européennes », a-t-il fustigé auprès de l’AFP.

VNV a par ailleurs annoncé qu’il comptait poursuivre Ryanair en justice, pour avoir, selon lui, fait venir des pilotes belges pour casser la grève.

« Nous trouvons cette grève déraisonnable et quelque peu en décalage avec les progrès que nous pensions avoir réalisés », avait affirmé jeudi Peter Bellew, le directeur opérationnel de Ryanair.

AFP / Cecilia SANCHEZRyanair

« En n’annulant pas assez de vols en vue de la grève, Ryanair adopte un comportement irresponsable », a pour sa part prévenu le syndicat belge CNE, affilié à la Confédération des syndicats chrétiens.

Les syndicats réclament de meilleures conditions de travail et l’emploi de chaque salarié via un contrat relevant de son pays de résidence, contrairement à la pratique historique de Ryanair d’employer une bonne part de son personnel via des contrats de droit irlandais.

– Rappel à l’ordre –

La commissaire européenne aux Affaires sociales, Marianne Thyssen, est intervenue mercredi pour rappeler Ryanair à l’ordre, après sa rencontre avec le directeur général de la compagnie, Michael O’Leary.

« Le respect du droit communautaire n’est pas quelque chose sur lequel les travailleurs devraient avoir à négocier », a-t-elle prévenu.

Pour la Commission européenne, « ce n’est pas le pavillon de l’avion qui détermine la loi applicable. C’est l’endroit d’où les travailleurs partent le matin et reviennent le soir, sans que l’employeur ait à couvrir les frais ».

AFP/Archives / JOHN THYSLes pilotes de Ryanair en grève à l’aéroport de Charleroi en Belgique, le 10 août 2018

M. O’Leary a pour sa part appelé à « annuler la grève » lors d’une conférence de presse mercredi à Diegem, près de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, selon des propos rapportés par l’agence Belga.

La compagnie irlandaise connaît une grogne sociale endémique depuis un an, qui a débuté avec le mécontentement de ses pilotes.

La compagnie a tenté d’éteindre la contestation en signant dernièrement plusieurs accords avec des syndicats, notamment au Royaume-Uni, en Irlande et en Italie, dans lesquels la direction accepte des augmentations de salaire et des améliorations des conditions de travail.

La grève de vendredi marque la poursuite d’un mouvement social qui a déjà frappé la compagnie aérienne cet été avec deux vastes mouvements coordonnés dans plusieurs pays européens: chez le personnel de cabine fin juillet (600 vols annulés et 100.000 passagers touchés) puis chez les pilotes au coeur du mois d’août (400 vols annulés et 55.000 passagers touchés).

Ryanair avait aussi dû annuler 150 vols en Allemagne le 12 septembre en raison d’une grève des pilotes et du personnel.

L’entreprise irlandaise compte 86 bases en Europe, selon son site internet, qui lui permettent de stationner ses avions et de domicilier son personnel.

Elle a annoncé jeudi l’ouverture de deux nouvelles bases en France, à Bordeaux et Marseille, où elle n’était plus présente depuis 2011.